indisponible

Je ne vis pas vraiment seule, pas vraiment avec quelqu'un. Je n'ai pas de passé et ne crois pas à l'avenir. Je vais habiter Paris, quartier de l'Opéra. Mon quotidien se limitera aux magasins de l'avenue Montaigne, à ma maison d'édition de Saint-Germain, aux galeries Lafayette de l'Opéra, au traiteur thaïlandais de Montparnasse. Je consommerai de la cocaïne sur les quais de seine avec Frédéric Beigbeder. J'acheterai mes escarpins dans le Ier. Je mépriserai les touristes pathétiques photographiant la tour Eiffel illuminée. Je refuserai une scéance d'autographe à la fnac des Champs Elysés par snobisme. Je ferai la promo de mon dernier best-seller seulement en télé et je dédaignerai les présentateurs qui font comme s'ils connaissaient quelque chose à la littérature. Ma solitude retentira quand je verrai une orde d'enfants courir vers le carrousel du Chatelêt. Blazée, j'irai me lamenter au théâtre rue de la Gaieté et un pitoyable marchand de Khebab tentera de me faire acheter sa marchandise graisseuse. Ma seule alimentation sera des sushis accompagné de Dom Pérignon à la Coupole. Je finirai mes nuits dans la débauche et la décadence, dans quelques soirées commentées dès le lendemain dans les journaux peoples par des critiques mondaines dont l'échec existenciel anéantira toutes possibilités de mots plaisants dans leurs rubriques. Je me suiciderai et tout Paris se bousculera à mes funérailles couvertes par Paris-Match qui m'aura consacré plusieurs couvertures qui feront du chiffres, garnis de doubles pages en noir et blanc avec une rétrospective détaillée et les témoignages des proches pleurnichards. Tandis que vous... Vous n'aurez qu'une minable mention nécrologique qui n'intéressera personne! [ Je vous l'accorde: je suis une Pétasse. Les seules et uniques choses qui ont un pouvoir sur ma petite personne ingrate et hautaine sont les sacs et les talons hauts. Comment ne pas se sentir supérieur du haut d'une paire de Manolo Blahnik et le coude sertit d'un Chloé Paddington? Les seuls échecs dans ces cas là sont les demoiselles derrière la caisse cherchant le seuil de résistance en zéro des cartes Gold de leurs clients. Certes, je vous prends pour des sacrés cons en total look Zara et maquillages de supermarché. Mais ayez bonne conscience, vous avez fait la fortune de l'Oréal et de H&M. C'est honteux quand on y pense. Dans le monde, il y a deux catégories: il y a vous et il y a nous... Vous n'avez plus qu'à prier pour que votre seul et unique cadeau de Noël soit des escarpins Jimmy Choo ou un trench Chanel by Lagerfeld qui remplacera votre vieu chiffon datant de l'année dernière. Et jetez au passage vos vieux clichés... Faire du vélo Gucci dans un 250m² avenue Georges V n'est pas une sinécure. Regardes autour de toi et n'envies jamais ce que tu n'as pas. Après tout, je ne suis qu'un concept trompeusement romantique, une énergie adolescente reléguant tout le reste - gueule de bois, soirées snobs et poudres aux yeux - en hors-champs hypocrite. C'est pourri de l'intérieur que l'on crève chez Swarowski; c'est nécrosé et amputé que l'on finit chez Ferrari. Trop de thunes et surtout trop d'illusions faite de vice et de débauche... Peut-être qu'un jour vous connaîtrez l'exaltation de fracasser une bouteille de Dom Perignon en roulant à toute vitesse Place de la Concorde, de la cocaïne dans le sang mais votre vie ne sera alors plus qu'une fête triste et vide ensevelis sous des lunettes Prada, des robes Marc Jacob et des montres Cartier. Vous vivrez peut-être des soirées au Ritz ou vous ramasserez des beaufs au Queen. Mais le bonheur est une illusion d'optique et un jour on se brûle les ailes aux lueurs trop brillantes des fêtes vaines...